A quoi ça sert d'être riche, si des
enfants meurent à cause de la faim? Nous vivons tous pour mourir, et à notre départ,
rien de ce que nous possédons ne pourra nous sauver de ce fléau aveugle.
La richesse, n'est-elle pas, dans ce
monde qui suborne les âmes débonnaires, le résultat de l'égoïsme? Sinon,
pourquoi y a-t-il tant de pauvres qui végètent même dans les pays où demeurent
des suiffards?
A quoi ça sert d'être riche en étant
en même temps esclave de ses biens? J'ai trouvé parce que d'autres ont partagé
et ma fierté, luctueuse fierté, est ce sentiment qui me dit que je suis
supérieur aux autres. Quel orgueil!
Je suis riche. Le monde me connait,
mais je ne suis pas libre, je ne suis pas en sécurité, j'ai peur, j'ai mal, je
souffre, et bientôt, je vais mourir. Ma richesse m'a rendu méchant au point
d'être entouré par des gens armés. Pourquoi eux? Pourquoi pas mes frères, mes
soeurs, maman ou papa, ou encore mes amis? Pourquoi sont-ils loin de moi?
Pourquoi ne puis-je pas compter sur la protection divine si ma richesse est une
bénédiction?
Parce que je suis riche, je suis
devenu un corrompu. Le sexe, les femmes, les crimes, la drogue, le pouvoir, le
détournement des fonds, les accusations, tout est dans mon armoire. Quelque
soit le vêtement porté, j'attire les critiques. Le pire, c'est que je déteste
tous ceux qui voudraient me libérer de cette malédiction.
Ô ma richesse! Que de peines et de
chagrins tu as semés dans mon cœur. Seule la mort peut me rendre tel que
j'étais en venant au monde. Au moins, je serais fier de toi, si la mort était
mon associé. Dommage, c'est l'unique ennemi que je n'arrive pas à défier.
Mes ennemis sont nombreux, aucun
d'eux ne veut de mes biens. Ils veulent que je te laisse, que je ne suis plus
ton maître, que je ne suis plus là pour t'admirer, te protéger, te partager à
qui je veux.
Qu'il est difficile de connaître mes
vrais amis! Ils sont toujours là pour moi, mais ils ont peur de moi; de ma
colère, de mon désaccord, de ma folie.
Je vois des sourires et je n'ose pas
penser à l'expression d'une amitié sincère. J'aperçois beaucoup de femmes qui
foisonnent dans ma cour paradisiaque et j'ai peur de parler d'amour. D'amour ou
d'intérêt.
Ici, il n'y a personne pour me faire
entendre raison. Mes désirs sont des ordres: j'aimerais que cet homme soit mort
ce soir, cette femme serait adorable sur mon lit. Je m'en fous de la morale, de
ce Dieu qui habite là-haut, de tous ceux qui meurent à cause de moi, à cause de
ma soif de richesse.
Pourquoi, madame richesse, tu te
tais et me laisses ce temps pour gaspiller ma sagesse et ma jeunesse, détruire
mon âme, souiller mon corps et déguelasser ma personnalité?
Je te parle, richesse, réponds-moi
car tu tiens si longtemps ma liberté. Je veux être libre, j'ai besoin de l'air,
il me faut la paix.
Jerome Dorsonne Emerson
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