Derrière cette barrière noire, cet apres-midi, je l'ai
vue. Elle me paraissait innocente mais ce que j'ai vu l'a condamnée. Qui sait?
Elle l'avait peut-être voulu.
Sous cette robe de Marie, elle portait un innocent, cette victime
de nos insouciances face aux dérives des jeunes. Dans peu de jours, il viendra
dans notre monde infernal pour payer le prix de nos crimes.
Je l'ai vue. Et sa misère, je l'ai vue aussi. J'ai vite
senti sa tristesse qui était cachée derrière sa belle honte. Honte qui
deviendra un jour le produit de sa destinée.
Elle ne peut pas avoir dix-huit ans, je parie. Bientôt,
elle fera partie de nos femmes dont la mission est d'élever des enfants pour le
développement de notre société malade. Elle sera une mère, une comme toutes les
autres car elle endurera toutes les souffrances infligées à cause d'Ève.
Je l'ai vue. De mes propres yeux, je l'ai regardée avec
pitié et j'ai vu la nécessité de continuer la lutte.
Jerome Dorsonne Emerson
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