lundi 26 décembre 2016

Farces

Farces

"Comment peut-on être aussi pauvre avec autant d'or noir? ". J'emprunte cette interrogation antithétique de La Fouine qui me semble tout a fait appropriée pour parler de notre quotidienneté haïtienne. Et si je la renverse pour la placer dans un cadre actuel, j'ose le dire, même si notre actualité n'est qu'une ancienneté, une banalité traditionnelle au senteur morbide; oui si je la renverse, cette interrogation, je me demanderai tout bonnement: comment peut-on fêter avec autant de morts sur la conscience, autant de cervelles brûlées à cause de notre indifférence?

Nous avons fêté la mort qui nous saute à la gorge, nos condoléances sont des élucubrations festives, nos adieux des bienvenus à la standardisation de la bestialité, et nos pleures des grimaces pour dissimuler notre hypocrisie. Pour paraphraser cette idée de Lyonel Trouillot dans Kannjawou, nous aimons nous comporter en êtres libres pour essayer d'oublier que nous sommes des esclaves. Il est idem, nous empruntons des rires malicieux, espiègles, des rires qui sonnent faux pour essayer d'oublier nos tristesses. Nous fêtons pour ne pas penser à nos malheurs, oui nous aimons nous prendre pour des héros, des révolutionnaires pour tromper notre lâcheté.

Nous nous disons révolutionnaires, hélas! Nos révolutions sont sourdes, ce sont des enfants morts avant même d'être nés. Oui, nos paroles sont muettes, si déjà elles ne sont pas désuètes il y a longtemps.

Nous sommes mal barrés! Et nos farces ne font que nous enfoncer dans la merde.

Antoine Jethro

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